Il y a quatre ans, je suis rentré dans cette aventure du Collectif la Nuée, en Lanaudiere, au Québec, avec enthousiasme. Notre Collectif est probablement en fin de vie (début 2025). Je suis profondément triste parce que je n’arrive plus à croire à tout ce qui avait motivé mon engagement dans cette aventure.
Notre Collectif est une des émanations Du Forum social mondial (FSM) de Montréal, en 2016. Les personnes qui ont initié et construit les premières étapes de notre Collectif se sont rencontrées à cette occasion, et certains y ont eu de grandes responsabilités. “Un autre monde est possible” était le slogan des FSM depuis leur origine, en 2001. Je suis entré dans ce Collectif en complétant la phrase : “un autre monde est possible, on s’en occupe ici et maintenant, concrètement dans ce Collectif”.
Cette vision est toute personnelle, elle n’a pas été formulée telle quelle dans la vision du Collectif, mais elle est très compatible avec la mission de nos règlements généraux : ... les membres du Collectif La Nuée sont animés par une ambition commune : celle de créer une communauté ancrée localement, solidaire, écologique, démocratique et culturellement riche. Ce n'est pas moi qui ai écrit ces mots, mais ils me conviennent tout à fait.
Je reprends à mon compte les perspectives de la permaculture : prendre soin des humains, prendre soin de la terre, produire des excédents et les partager équitablement. Chaque expression est importante mérite notre attention et dirige nos actions.
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Soins à la terre : cultiver, enrichir les sols, soigner notre forêt…
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Soins aux humains : Apprendre à travailler ensemble [1], cultiver la gratitude, construire l'entraide... [1]: un enjeu personnel !
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Produire des excédents : On entre dans la logistique, je pensais naïvement que les enjeux d’un “autre monde” seraient largement de cet ordre. Avoir des ateliers, cuisines et autres pour couvrir la plus grande partie de nos productions.
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Partager équitablement : Ce n'est souvent pas le plus petit des défis !
Je me suis aperçu que, dans notre cas comme fréquemment dans l’histoire de l’humanité, il y a quelque-chose qui bloque la mise en œuvre : les conflits ! Presque toujours, ce sont des enjeux de contrôle et de pouvoir. Chez nous aussi.
J'ai le point de vue local : celui qui a déménagé dans notre espace, à Saint Didace. D'autres, qui ont gardé leur domicile principal ailleurs, ont le point de vue du Conseil d'administration. C'est sûr qu'on n'est pas à la même place là !
De mon point de vue donc, quand le contrôle appartient à des personnes qui ne vivent pas la réalité qu'ils administrent, cela s'appelle un colonialisme. Comment se fait-il que, dans notre milieu écolo-avancés, nous reproduisions ce schéma du colonialisme ? Si nous voulons le déconstruire dans le monde, il serait bon de tirer des leçons de notre expérience, quand cela nous arrive nous-mêmes de le reconstruire !