L'un des enjeux majeurs des difficultés de notre Collectif est que nous ne comprenons pas notre mission de la même manière. Dans nos Règlements généraux, elle est définie le la façon suivante :
Accompagner, soutenir et développer les projets d’une éco-communauté à échelle humaine et respectueuse de l’environnement.
Ce paragraphe peut prendre beaucoup de sens différents selon ce que chacun veut y lire. La clarté vient du deuxième paragraphe :
Autrement dit, les membres du Collectif La Nuée sont animés par une ambition commune : celle de créer une communauté ancrée localement, solidaire, écologique, démocratique et culturellement riche. Ils et elles ont la conviction qu'une telle éco-communauté doit mettre au cœur de ses préoccupations l’action collective et les relations entre ses membres.
Lors d'échanges, des membres d'un groupe surnommé "coalition" avaient écrit :
L’humain avant les règles : Nous souhaitons prioriser les liens humains ; la structure passe en second…
Les membres engagés leur avaient répondu :
Nous avons probablement ici un point de divergence assez fondamental. C’est peut-être d’ailleurs ici que nos chemins pourraient se séparer.
On voit bien ici que le désaccord est profond. En l'occurence, ce sont ceux de la coalition, qui sont les plus garants de l'esprit et de la lettre des Réglements intérieurs ; et non les membres engagés.
Par ailleurs…
Le rapport d’activité présenté à l'Assemblée générale explicite quatre “pôles de développement” qui expriment la vision portée par les “membres engagés”. 1
- La transformation écologique
Elle est écrite de façon suffisamment large pour faire consensus. La dimension concrète reste à construire.
- La transformation personnelle : “... Notre créneau passe par le travail intérieur et la pleine conscience. Certains de nos séminaires sont axés sur l’écoute de soi et de l’autre...”
- La transformation sociale “ … nos projets de transformation sociale, ceux qui sont enseignés dans nos séminaires font la promotion des valeurs de pacification, d’harmonie et de pouvoir partagé... , puis
“Il s’agit pour chacun de comprendre la démocratie en participant au processus démocratique et de mettre en jeu ses propres difficultés relationnelles pour les dépasser.”
Comprenez que, en tant que membres, votre hygiène spirituelle (travail intérieur et pleine conscience) et vos difficultés relationnelles seront guidés dans des “séminaires” qui sont organisés et souvent animés par les membres engagés, notamment S.
Lors du premier conflit du Collectif, début 2021, ceux qui ont fini par démissionner avaient dit qu'ils ne voulaient pas vivre dans une secte, à l'époque, je n'avais pas compris leur point de vue.
Je peux témoigner de deux choses. D'abord ceux qui font la promotion de "L'écoute de soi et de l'autre" et "mettre en jeu ses propres difficultés relationnelles" ne sont vraiment pas en mesure d'incarner ces valeurs. C'est très contradictoire, et aussi très humain. J'écrirai certainement un article là-dessus un jour.
Le problème, deviens lourd quand ces personnes s'instaurent juges de la conformité des autres aux valeurs et orientations du Collectif, et qu'elles se permettent de mener des procédures disciplinaires contre vous, avec l'objectif de vous soumettre, ou de vous expulser, avec de grosses faiblesses en déontologie !
- La transformation économique “Il ne s’agit pas simplement de vivre ensemble en partageant des repas (ni d’un…) cohabitât avec un partage d’espaces communs. Le projet d’écocommunauté comporte une dimension économique, c'est-à-dire la possibilité pour les membres de la communauté de développer sur le site un projet, ancré dans les valeurs du collectif, qui leur permette un revenu de subsistance.”
Je reconnais bien là les perspectives que S. avait voulu implanter dès 2021 en contactant, au nom du Collectif, mais seule, des acteurs régionaux de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS). Elle avait rédigé un "plan d'affaires" de 60 pages. Elle y développait sa propre vision du Collectif, mais pas les fondements d'un plan d'affaire : définir le besoin auquel on répond, les activités et moyens à mettre en œuvre pour y arriver...
Elle a aussi initié le “cercle incubateur” pour encadrer des projets économiques. Le seul projet qui y a trouvé du support est "les tisserands" qu'elle a fondé avec un autre membre engagé. Il s'agit d'organiser les stages et séminaires dont nous avons parlé plus haut. Personne d'autre, après avoir participé à quelques rencontres, n'a cru qu'il pouvait y trouver un support à son idée d'activité économique.
Pour les habitants du Collectif, l’idée de projet a pris d’autres perspectives, à commencer par l’organisation de repas partagés, l'installation de notre premier jardin, le ramassage du bois pour l'hiver... Il y a eu aussi quelques chantiers de restaurations de nos biens les plus abimés : la charpente de l'atelier où se trouve la machine à bardeaux, le mur ouest et la charpente et la toiture du Garage Vert (à gauche en haut de la cote en arrivant), la réfection complète de notre chemin principal, de la rue à l'hexagone, la réparation de quelques toitures…
Il y a eu encore quelques activités solidaires, écologiques, démocratiques et culturelles, Comme l'accueil du passage de "la grande marche pour la protection de la forêt" en 2021, des musiciens de “Scott Pien Picard” lors des journées de la culture à St Didace en 2022, de plusieurs ateliers de Biodanza, dans la prairie et à la salle Communautaire, avec Marie Claire Martinez ...
Il y a eu aussi les ateliers et insertions organisés par les membres engagés qui visaient à ancrer une certaine vision du Collectif, avec l'accueil de personnes extérieures à notre groupe.
Et puis de nouvelles personnes sont arrivées. Elles ont implanté un maraîchage mieux organisé que notre précédent jardin, installé un poulailler, travaillé à l’entretien de la forêt, organisé les repas quotidiens à la salle communautaire…
Seuls quelques-uns de ces projets ont apporté un revenu d'appoint à quelques membres, toujours insuffisants à leur subsistance. Ce n'était pas le but des autres projets, pourtant utiles à la santé du Collectif ou entrant dans le cadre de sa mission. Même l'organisation des repas quotidiens à la salle communautaire n'a (explicitement) pas été reconnu par S. comme "projet du Collectif" !
Voilà, les personnes qui s'accrochent à la direction du Collectif, que ce soit à titre de membres engagés ou du conseil d'administration, et dont aucune ne vit sur le site, ont une lecture très particulière de la Mission inscrite dans nos règlements généraux, qui devrait nous unir. C'est ainsi qu'elles ont fait le vide autour d'elles et que les perspectives du Collectif sont aujourd'hui limitées.
Et, pour revenir sur un aspect plus personnel, elles ne sont pas légitimes à m'exclure en tant que membre engagé, alors qu'elles ont explicitement et de façon répétée, refusé le dialogue pour trouver des solutions ancrées dans la mission inscrite à nos règlements généraux.
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Normalement, ce n'est pas le rôle d'un "rapport d'activité". C'est une façon de faire qui permet de faire passer des idées dans un document dont ce n'est pas l'objet. Cela permet de faire des précédents, sans avoir eu les débats correspondants. C'est une pratique que l'on peut reconnaitre. ↩